Antarctique

Epilogue

Lundi 8 février 2010

Tu fus un endroit étrange….à la fois mystérieux et éblouissant de beauté.

Aujourd’hui cette réalité s’évapore et tout ce que j’ai vu se transforme en mémoire.

Je conserve le tout dans l’armoire d’une sagesse que je ne connaissais pas et d’une tranquillité que je n’espérais plus.

L’avenir ?

Le mien sera la quiétude d’un temps immobile qui collectionnera des instants à poser les uns sur les autres comme s’ils étaient un seul et unique instant.

Une manière de vivre pleinement chaque moment présent.

Ce que je suis, désormais est advenu.

Et vous ?

Publié par Dominique le 10 février 2010

ANTARCTIQUE : Mémoire de vie – Terre de liberté et d’avenir

Lundi 8 février 2010

Certains sans doute auraient voulu en être…

Pour nous, ce fut l’occasion de partir sur les traces de CHARCOT et de filmer avec nos yeux et nos émotions des paysages grandioses.

Merci à L’Ile d’elle de nous avoir emmené en haute montagne par la mer !

Grand repaire du froid, mémoire des temps les plus anciens le Grand Sud s’offrait à nous.

Il n’a pas été utile de jouer, il a suffi d’être ce que nous sommes, ce qui fut déjà beaucoup demander, pour se laisser pénétrer par nous-même.

La vie, alors, est devenue belle, comme en cet après-midi de janvier, quand les baleines bosses sont venues à flanc de notre voilier, danser avec nous avec une majestueuse élégance, au son du violon de Mariette.

Nous avons contemplé avec respect et émerveillement leurs jeux, plongeant, soufflant et revenant vers nous telles des apparitions fantastiques tant attendues.

Rien ne fut comparable à ce sentiment indescriptible du vent de mer sur la peau, quand l’horizon est sans fin et que la brise lève des embruns rafraîchissants salant tout sur son passage, y compris nos visages aux teintes de soleil.

Rien ne fut comparable à ces moments de silence et de méditations ponctués par le tonnerre des barres rocheuses plongeant dans l’eau glacée ou les piaillements des « rockeries » de manchot à la vie bien organisée, perturbés par leurs prédateurs, les skuas.

Rien ne fut comparable et plus paisible que la vue de ces phoques se prélassant sur leur lit de glaçon ou barbotant dans leur piscine « vert caraïbes » au pied d’énorme iceberg couleur bleutée.

Rien ne fut comparable à ces « rencontres musicales »impromptues entre marins, à ses soirées interminables aux vapeurs alcoolisées entre amis…

Vous vouliez partir aussi…

Vous n’avez juste pas pu, mais vous êtes là, virtuels marins et nous vous offrons nos images, humbles témoignages de nos rencontres.

Aujourd’hui, le continent de glace verse des larmes devant une chaleur nouvelle. Et pour cause, les effets des changements climatiques bouleversent la vie un peu partout sur la planète. Jamais la quantité de gaz carbonique dans l’air n’a été aussi élevée.

Les études démontrent qu’en deux siècles, l’homme a autant modifié les paramètres climatiques que la variabilité normale l’a fait en 10 000 ans.

On retrouve aujourd’hui dans les  excréments des manchots du plomb de nos villes !

Autre conséquence de notre consommation non contrôlée…  .Il a été découvert par la base scientifique de VERDNASKY un trou dans la couche d’ozone dû à l’excès de consommation de chlore.

Attention sans cette couche d’ozone qui filtre les rayons ultraviolets notre Terre va brûler !

Il est temps d’agir car ce qui se passe est important pour l’équilibre climatique dont dépend le bon développement économique et social de notre société.

A n’en pas douter, derrière ces mots, il y a aussi un peu de vous.

On ne se connaît pas et pourtant nous partageons ces maux.

Prenons ensemble conscience de la fragilité de notre Terre et faisons que la simple beauté du monde puisse continuer à s’exprimer dans toute sa splendeur et en toute Liberté.

publié par Dominique JAUSSEIN le 8 février 2010

« D’où vient cette étrange attirance,si puissante,si tenace pour ces régions polaires qu’après en être revenu,on oublie toutes les fatigues physiques et morales pour ne songer qu’à retourner vers elles ? »

Jean-Baptiste  CHARCOT

La remontée

Mercredi 3 février 2010

DETROIT DU DRAKE : La remontée  28 Janvier

Le voilà à nouveau aujourd’hui devant nous, puissant, rageur et fier de sa réputation,ce passage entre la péninsule Antarctique et le Horn.
Notre « Cap’tain » a choisi la bonne fenêtre…il faut partir maintenant.
Nous avançons bardés de prévisions météo, les fameux GRIB que nous prenons toutes les six heures, devant le danger de ce boulevard des dépressions.

Point de rencontre des deux plus grands océans du monde, c’est là que s’affrontent des masses d’eau et de vents ennemis. (chaud/froid)

Miles après miles, grains après grains, nous avançons… .suivant la route tracée par Jean-Yves.

Il fait froid.
Il neige.
La brume, fruit de la condensation, nous entoure.
La houle est forte.

Les quarts s’enchaînent, veille des glaces nécessaire à notre sécurité.

Le cap direct est 345° mais en prévision du passage d’un front nous faisons une route plus à l’ouest profitant en ce début de traversée de brises clémentes d’abord d’Est puis de Sud-Ouest
Jean-Yves trace des croix sur la carte pour situer notre position au jour le jour.

Nous y sommes… 60°- le point de convergence des océans est atteint.
L’eau devient légèrement plus chaude.
Nous quittons l’océan Antarctique.

Troisième jour de navigation en pleine mer….
Cela cogne, cela tape, cela grince…la mer déferle par dessus nous.
Bruit de manoeuvre sur le pont.

Ouf…Le front est passé.

Hier après-midi, le vent à basculé Nord-Est et a gagné en puissance jusqu’à ce que l’on se retrouve sous trois ris et trinquette et nous oblige à escalader chaque vagues pour le bonheur de l’estomac de l’équipage ( on ne sait pas si c’est l’escalade ou la descente rapide de la vague qui est le plus douloureux ).
Enfin, à une heure du matin, la Bascule arrive.
On vire et reprenons notre route directe.
Cap au 20°.

On peut renvoyer un peu de toile en début de matinée et le ciel fait de même en larguant sa grande voile bleue.
Grande houle ponctuée des crêtes blanches sous le soleil où glissent les Albatros.
Le moral des troupes remonte.
Peut-être est-ce le café et le chauffage qui sont de nouveau là ?

La mer apprend la patience…

Nous atteignons les 56°  de latitude sud « Hardis les gars » le Horn nous attend.

Publié par Dominique le 3 février 2010

Port Lockroy

Lundi 1 février 2010

Port Lockroy – Dorian Cove  – 64°49S 63°29W

Nous sommes le 26 au matin, notre voyage est sur le point de se terminer. Jean Yves et Jean du «boulard» pensent qu’une fenêtre de retour pointe le bout de son nez autour du 28. Une grosse dépression devrait arriver le 3 ou 4 Février à en croire les Gribs ( la carte des vents que l’on récupère toutes les six heures à l’aide de notre iridium)
Nous remontons donc la côte un peu plus à l’ouest pour nous installer à Port Lockroy.
Au programme, visite du musée  et de la boutique de souvenirs des Whaling days surnommé aussi la baie du tonnerre en raison des énormes blocs de glace qui se détachent de la montagne voisine. La base de Port Lockroy est une ancienne base britannique datant de la fin des années 40. Sa position géographique et la forme de la baie très bien protégée des vents est restée longtemps un abris privilégié des baleiniers.
Aujourd’hui, un homme et trois femmes s’occupent de maintenir le musée en état, et proposent au gens de passage de nombreux souvenirs, timbres, cartes postales…

Le soir venu nous festoyons comme de convenu avec Isabelle Autissier et son équipage composé de deux autres marins et trois alpinistes, déjà sur place depuis quelques jours. Ces derniers se sont données pour objectif d’ouvrir de nouvelles voies encore jamais explorée par l’homme à travers ces majestueux sommets qui nous entourent. La soirée est animée comme à l’habitude et comme d’habitude, tout le monde y va de sa chanson de marins, l’occasion pour nous de découvrir les talents de guitaristes de Tristan et Guido.

Le 27, Le «boulard» ainsi que le «macao» nous rejoignent pour le dîner. Katel une jeune bretonne à la voix cristalline accompagnée de son mari Mathieu,  travaille la chansonnette suivi de Mariette au violon. c’est notre dernière soirée en Antarctique. Nous lèverons l’encre dans quelques heures. Le Drake nous attends les bras grands ouverts…

Publié par Axel le 1 février 2010

La base Verdnasky

Dimanche 31 janvier 2010

BASE VERDNASKY (1863-1945) 65°14S 64°15W    25 & 26 Janvier

Sur la route de Verdnasky, les icebergs attisent notre curiosité et nous accompagnent.
C’est dans cette base,du temps où elle s’appelait FARADAY que les Britanniques ont découvert un trou dans notre couche d’ozone.
Aujourd’hui, il semble se résorber grâce à la prise de conscience de la communauté internationale lors de la convention de Montréal.
Devant l’entrée, un poteau indicateur donne la direction à suivre pour les graNdes villes telle que KIEV (15168 Kms), SEBASTOPOL (14 750 Kms).

Nous sommes attendus au bar le plus Austral du monde à 20H ;

Accueillis chaleureusement et avec bonne humeur, notre orchestre (Mariette au violon, Jean-Yves à l’accordéon) s’installe et donne le ton.

Très vite l’officier radio de la base,Igor,organise une représentation, installe tout le monde
( d’autres voiliers se sont joints à nous) et donne la réplique à la guitare.

Nos deux pays amis saluent la science dont l’Antarctique est le Paradis.

Publié par Dominique le 31 janvier 2010

Pleneau

Samedi 30 janvier 2010

PLENEAU  22 & 23 Janvier

Grand soleil….
Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu de ciel bleu !
Pas un seul nuage dans les alentours,aussi nous en profitons pour faire une grande ballade, toujours en compagnie de nos amis les manchots papou…

Nous avons décidé de piqueniquer.
Au menu: jambon-pain-tomates-fromage-fruit et chocolats.
Ainsi, nous nous sommes installé tout en haut des rochers,après avoir bien grimpé en faisant les manchots dans la glace. (nos bottes de marins sont très glissantes à terre).

Un point de vue grandiose s’offre à nous:

-    le cimetière d’iceberg d’un côté, le détroit de LEMAIRE de l’autre, détroit que nous venions juste de traverser avant d’arriver ici, à PLENEAU.

Autour de nous, d’énormes glaciers nous entourent…

Le silence est accompagné par les grondements sourds de blocs de glace qui s’écroulent dans la mer pour renaître en mini iceberg.

Nous repartons le lendemain en direction de Petermann à la rencontre d’une petite colonie de manchots Adèlie ( merci Madame Adèle CHARCOT ) qui s’est incrustée sur le territoire des Papous qui sont tout de même les plus nombreux ici.

Publié par Mariette Matsunaga le 30 janvier 2010

Ce rêve éveillé

Mardi 26 janvier 2010

Mais des baleines, on en a vu de bien plus près !

Il nous est arrivé quelque chose d’incroyable, qui je crois restera gravé dans la mémoire de tous ici, et dans les anecdotes à ne pas manquer…

Juste avant Entreprise Island, nous avons eu la chance de croiser trois baleines se promenant dans les parages.
Ayant envie d’attirer leur attention, il m’est venu à l’esprit de leur faire entendre le son du violon, en imitant plus ou moins leur chant.
Et là, MIRACLE !!!
Elles semblent adorer cela, elles s’approchent de plus en plus, tournent autour du bateau, sondent d’abord à plusieurs reprises, puis sortent la tête, les nageoires, et ne nous quittent plus durant un long moment.
Puis plus rien…
Les croyant parties, je reprend mon violon en main, émet des sons graves, aigües, et d’un seul coup, à notre plus grande surprise, elles réapparaissent de l’autre côté, toujours aussi proches.
Nous avons la chance de les observer sous l’eau, c’est magnifique!
Au bout de quelques minutes, je décide de ranger l’instrument bien au chaud. C’est alors que nous nous réunissons à l’avant du bateau, afin de contempler un en revoir que nous ne sommes pas prêt d’oublier : à seulement un mètre de nous, elles ont tournoyé, devant nos yeux dansant, montrant leur ventre blanc, leur vingtaine de tonnes plaines de grâce, avant de reprendre le large…

Jamais je n’oublierai… Ce rêve éveillé..

Publié par Mariette Matsunaga le 26 janvier 2010

Paradise Bay

Mardi 26 janvier 2010

21 JANVIER PARADISE BAY
64°54S   62°51W

Quel beau lieu!
Effectivement, c’est un paradis sur terre, les paysages sont époustouflant.
Nous traversons cette baie au milieu des glaciers, qui se reflètent dans une eau miroitante, parsemée de petits glaçons, qui crépitent sous la coque du bateau (nous essayons tout de même d’ éviter les plus gros).
Le temps est gris, mais la lumière particulière, et un côté plus mystérieux au lieu…
Hier, lorsque nous sommes arrivés dans la baie, nous avons retrouvé le Boulard et son noble équipage, auprès de qui nous nous sommes installés.
Nous avons passé la soirée ensemble, autour de leur table et d’un bon dîner. Nous avons rit aux éclats, (Bernard et son humour délirant), et chanté autour d’un peu de musique.
Il ont aussi bien appréciés la bouteille de cognac du L’île d’elle, qui maintenant est au stade marée basse, et en ont ressenti les effets ce matin, tous sous doliprane.
C’était vraiment un bon moment que nous avons passé là!

Ce matin, nous nous sommes de nouveau quitté, pour poursuivre notre chemin vers la destination la plus au sud que nous emprunterons, une base ukrainienne, Verdnasky, en appréciant intensément le panorama pour une dernière fois, avant de quitter le paradis.
C’est ici que nous avons mis Axel, notre grand reporter, en haut du mât, afin qu’il film ces paysages de glace sous un autre angle.
Je suis allée tout au bout du bateau, à la pointe, et c’était vraiment un moment magique, j’avais l’impression de glisser mois même sur l’eau au milieu des glaçons, glissant au fils de l’eau huileuse.
Nous ne manquerons pas d’apercevoir la queue d’une baleine, qui cependant ne restera pas en notre compagnie.
Nous avons dû perturber sa sieste…

Publié par Mariette Matsunaga le 26 janvier 2010

Enterprise

Mardi 26 janvier 2010

Le 20 au matin nous mettons le cap sur Enterprise, notre prochaine escale.
Depuis Deception Island, nous longeons la côte en direction du sud. Nous pensons descendre jusqu’à Verdnasky à 120 milles de notre dernier mouillage en passant par Danco, Paradise Bay, Pleneau, et son cimetière d’iceberg, et Peterman, et ses colonies de manchots d’Adélie. Les derniers manchots nous restant à découvrir après les jugulaires de Deception et les Papous de Danco. Chaque mouillage est différent. La variété des paysages est saisissante. À Deception et ses rochers noirâtres, Trinity et sa baie
entourée de collines, succède Enterprise où nous accueille une épave d’un vieux baleinier du début du siècle échouée et laissée à l’abandon par son équipage. Nous sommes ici entourés de glace. Quelques cailloux pointant le bout de leur nez de ci-de-là formant des îlots recouvert de neiges où des phoques de Weddell ont élu domicile pour la sieste. Activité dont ils sont passés maîtres. Nous passerons la nuit ici, bercés par les cris des Sterns et le souffle du vent s’engouffrant des les restes de l’épave.

Publié par Axel le 26 janvier 2010

19 Janvier Trinity Island

Lundi 25 janvier 2010

Nous mouillons pour la nuit dans une nouvelle baie d’une des nombreuses îles de la péninsule Antarctique, Trinity.
Il s’agit de faire vite. Nous nous approchons du rivage et cherchons à mouiller pour la nuit.
La météo annonce des rafales de 40 noeuds. Jean Yves maintient le bateau. Je me jette avec Sandrine dans l’annexe emportant un bout et un câble en acier.
Notre objectif : un rocher sur la plage à environ une centaine de mètres qui nous servira de bitte d’amarrage. L’annexe avance à vive allure, Sandrine au moteur, je me lève et tente de tenir en équilibre. Bientôt le choc aura lieu avec le rivage. Je saute, virevolte sur les pierres, le bout dans une main , le câble dans l’autre, j’en oublie l’annexe , Sandrine à son tour met un pied à terre ou plutôt à l’eau, une eau à 5°C remplie immédiatement sa botte. Elle fini par me rejoindre. Les doigts glacés par le vent nous arrivons à passer le câble métallique autour du rocher. Une clé, puis deux, le tour et joué nous avons réussi notre mission.
Le temps d’une petite balade sur le flanc de la colline abritant le l’île d’elle, une rencontre fortuite avec un léopard des mers, en toute décontraction. Pour finir par un dîner dont Sandrine a le secret. Le vent d’est s’est levé, nous fermons l’oeil, épuisés, sous un soleil qui ne s’éteint déjà presque plus.

Publié par Axel le 25 janvier 2010